Boîte à outils sur les modèles de soins

Cliniques pluridisciplinaires

Les cliniques pluridisciplinaires ont recours à une approche intégrée de la planification et de la prestation des services de cancérologie. Elles sont gérées au sein d’un centre de cancérologie unique et sont habituellement composées de plusieurs services ou de plusieurs programmes (par exemple radiothérapie ou oncologie médicale, pharmacie, psychologie, etc.) et de membres de chaque équipe.

Un aspect clé de ces modèles est la structure administrative globale, qui met l’accent sur l’intégration et sur la coordination des services cliniques. C’est cet aspect des cliniques pluridisciplinaires qui favorise, de manière unique, les soins centrés sur la personne, tous les services étant coordonnés en fonction des besoins du patient, plutôt que de la planification indépendante des rendez-vous pour chaque discipline fournissant des soins contre le cancer.

Le rôle de coordonnateur des soins ainsi que l’élaboration de cadres clairs de communication et de coordination jouent un rôle essentiel lors de la mise en œuvre, particulièrement dans les cas où des soins spécialisés sont dispensés simultanément3.

Les données probantes indiquent que l’organisation des soins dans le cadre d’une approche clinique pluridisciplinaire augmente la satisfaction des patients, ainsi que l’efficacité de la prestation des soins. Le modèle limite la nécessité des transitions de patients entre les fournisseurs de soins de santé (FSS), ainsi que la prestation de services qui doublonnent, notamment les examens. Il favorise également un accès rapide des patients à des soins complémentaires dispensés par des diététistes, des orthophonistes et des psychologues3.

Comme dans le cas des modèles en réseau, les cliniques pluridisciplinaires nécessitent des processus de gouvernance à plusieurs échelons tenant compte des effectifs et des capacités des professions concernées. Les défis administratifs, tels que les cadres de rémunération, la coordination des horaires et l’attribution des locaux, nécessitent un examen attentif et peuvent être un facteur limitant le succès.

Construire une équipe de soins centrée sur la personne

medecin et casse tetePour être véritablement centrées sur la personne, les équipes de soins doivent intégrer toutes les disciplines participant aux soins d’un patient; il s’agit notamment des spécialistes en oncologie – par exemple les radio-oncologues, les oncologues médicaux et les chirurgiens – ainsi que des radiologistes, des pathologistes, des pharmaciens, des spécialistes des soins palliatifs et du personnel infirmier. Les professionnels paramédicaux, par exemple les psychologues, les travailleurs sociaux, les diététistes et les intervenants-pivots, veillent à ce que les patients aient accès aux services dont ils ont besoin, au moment opportun. Bien que les soins primaires ne soient pas nécessairement intégrés dans tous les modèles cliniques étudiés, leur ajout améliore considérablement la connexion des soins. En savoir plus sur la coordination avec les soins primaires.

La Saskatchewan Cancer Agency a mis en place, à l’échelle de la province, des cliniques et des « disease site groups » (DSG) (groupes spécialisés dans le traitement d’un type de cancer), avec comme objectif la prestation de soins pluridisciplinaires, par siège de la maladie, aux patients, de la consultation initiale aux soins de suivi. Le modèle intègre des tours de table du comité des thérapies du cancer existant, garantissant que les traitements sont fournis dans le respect des lignes directrices en matière de pratiques exemplaires.

Le cadre des DSG porte sur les cancers du poumon, du sein, gastro-intestinaux, génito-urinaires, gynécologiques et hématologiques et une clinique a été établie pour les cancers gastro-intestinaux.

Afin d’assurer un accès équitable aux soins pour les patients vivant dans des régions rurales et éloignées, la clinique a la capacité de les prendre en charge en personne ou virtuellement. Le programme est également en cours d’expansion de manière à inclure des services d’intervention-pivot adaptés sur le plan culturel en vue d’améliorer l’utilisation des services au sein des collectivités des Premières Nations, des Inuits et des Métis9.

Bien que la mise en place et l’évaluation du modèle soient toujours en cours, la Saskatchewan Cancer Agency a d’ores et déjà noté qu’il offrait les avantages suivants :

  • Une approche améliorée des soins centrés sur le patient;
  • Une approche plus collaborative de la prise en charge des patients et la capacité de répondre à leurs questions médicales et à leurs demandes d’assistance, ainsi qu’à celles des familles;
  • Une diminution du nombre de visites de patients à la clinique, grâce à une approche coordonnée de la planification des rendez-vous;
  • Des prises de décisions plus pertinentes par les FSS, grâce à l’approche interdisciplinaire de la planification des soins;
  • Une plus grande efficacité des flux de travail, y compris en matière d’évaluation diagnostique, d’aiguillage et de coordination des traitements;
  • Une diminution des temps d’attente avant le traitement.

Communiquer avec le responsable du modèle de la Saskatchewan Cancer Agency.

La prise en charge des cancers hématologiques, comme les leucémies, les lymphomes et les myélomes, est complexe et nécessite que des spécialistes de plusieurs disciplines participent à la planification. Étant donné que le traitement peut durer des années, il est important de trouver des moyens de répondre aux besoins à long terme des patients.

Dans le cadre d’une initiative d’amélioration de la qualité, Action Cancer Ontario de Santé Ontario a examiné les rôles des équipes pluridisciplinaires participant aux soins de ces patients. Cet examen a servi à étayer des changements permettant d’optimiser le rôle des infirmières praticiennes, des infirmières autorisées, ainsi que des auxiliaires médicaux. La supervision de la planification, des traitements et du suivi est assurée par des hématologues, des oncologues ou des médecins transplantologues.

Une fois pleinement mis en œuvre, le modèle :

  • Permet de veiller à ce que les membres de l’équipe de soins puissent exercer dans l’intégralité de leur champ d’exercice;
  • Permet d’offrir aux patients admissibles des soins ambulatoires, transférant ainsi une partie de la charge de travail des services en milieu hospitalier, gourmands en ressources, aux services externes;
  • Facilite la collaboration entre les membres de l’équipe de soins, permettant ainsi un meilleur équilibre de la charge de travail;
  • Permet de veiller à ce que les patients aient accès, en temps opportun, à des soins de grande qualité, aussi près que possible de leur domicile;
  • Permet de faire progresser la prestation des services et augmentera les capacités pour les futurs patients;
  • Optimise l’utilisation des ressources en soins de santé.

Bien que propre à l’hématologie maligne, ce modèle pourrait être étendu à d’autres populations de patients présentant des besoins complexes.

Le modèle d’hématologie maligne complexe de l’Ontario (en anglais seulement) élargit également le champ d’exercice du personnel infirmier, ainsi que celui des autres membres de l’équipe de soins.

  1. Andermann, A. (2016). Taking action on the social determinants of health in clinical practice: a framework for health professionals. CMAJ; 188(17-18):E474-E483.
  2. Riley-Behringer, M., Davis, M. M., Werner, J. J., Fagnan, L. J., Stange, K. C. (2017). The evolving collaborative relationship between Practice-based Research Networks (PBRNs) and clinical and translational science awardees (CTSAs). J Clin Transl Sci.; 1(5):301-309.
  3. Stone, C. J. L., Vaid, H. M., Selvam, R., Ashworth, A., Robinson, A., Digby, G. C. (2018). Multidisciplinary clinics in lung cancer care: A systematic review. Clin Lung Cancer; 19(4):323-330.e3.
  4. Brown, B. B., Patel, C., McInnes, E., Mays, N., Young, J., Haines, M. (2016). The effectiveness of clinical networks in improving quality of care and patient outcomes: a systematic review of quantitative and qualitative studies. BMC Health Serv Res.; 16(1).
  5. Hunter, R. M., Davie, C., Rudd, A. et coll. (2013). Impact on clinical and cost outcomes of a centralized approach to acute stroke care in London: A comparative effectiveness before and after model. PLoS One; 8(8):e70420.
  6. Reeders, J., Ashoka Menon, V., Mani, A., George, M. (2019). Clinical profiles and survival outcomes of patients with well-differentiated neuroendocrine tumors at a health network in new South Wales, Australia: Retrospective study. JMIR Cancer; 5(2):e12849.
  7. Tremblay, D., Touati, N., Roberge, D. et coll. (2016). Understanding cancer networks better to implement them more effectively: a mixed methods multi-case study. Implement Sci.; 11(1):39.
  8. Labbe, C., Martel, S., Fournier, B., Saint-Pierre, C. (2018). 15-13 wait times for diagnosis and treatment of lung cancer across the province of Quebec, Canada. J Thorac Oncol.; 13(10):S615-S616.
  9. Sedgewick, J. R., Ali, A., Badea, A., Carr, T., Groot, G. (2021). Service providers’ perceptions of support needs for Indigenous cancer patients in Saskatchewan: a needs assessment. BMC Health Serv. Res.; 21(1).