La voie du rétablissement : le cancer à l’ère de la COVID-19

Répercussions sur la mortalité attribuable au cancer

Outre l’examen du nombre de nouveaux cas de cancer diagnostiqués (incidence), les tendances mensuelles des décès attribuables au cancer (mortalité) constituent un autre indicateur important des progrès réalisés dans la lutte contre le cancer. Cependant, au cours de la première et de la deuxième vague de la pandémie, la COVID-19 et le cancer ont été répertoriés comme étant la cause commune de décès de nombreuses personnes. Il est par conséquent difficile de se faire une idée précise des répercussions du cancer sur la mortalité au Canada durant cette période.

Le pouvoir des données

Les données sont essentielles pour faire progresser les efforts de lutte contre le cancer au Canada. Les bureaux provinciaux et territoriaux de l’état civil aident à s’assurer que les données requises, comme celles qui sont incluses dans le présent rapport, sont recueillies et disponibles aux fins d’utilisation dans la Base canadienne de données de l’état civil. La Base canadienne de données de l’état civil peut être consultée par des organisations et des initiatives de tout le pays.

Certains patients atteints de cancer présentaient un risque plus élevé de mourir de la COVID-19.

Alors que les répercussions de la pandémie sur les services de soins de santé ont eu une incidence sur le nombre de nouveaux cas de cancer diagnostiqués, les patients déjà atteints d’un cancer ont été exposés à un risque accru de subir les effets néfastes du virus, dont le décès. De nombreuses personnes atteintes de cancer ont une réponse immunitaire affaiblie à la COVID-19 en raison de la progression du cancer, du traitement, de l’âge avancé ou de la présence d’autres problèmes de santé.

Selon la Base canadienne de données de l’état civil, en 2020 :

  • Le cancer et la COVID-19 ont été signalés comme étant la cause commune de décès de 1 430 personnes au Canada.
  • La COVID-19 était la cause sous-jacente du décès dans la grande majorité de ces cas (72 %).
  • La mortalité était légèrement plus élevée chez les hommes (54 %) que chez les femmes (46 %).

Le nombre de décès attribués à la fois au cancer et à la COVID-19 n’a pas été réparti de manière égale tout au long de l’année. Le premier pic est survenu en avril et mai lors de la première vague de la pandémie. Ce pic a été suivi d’une baisse du nombre de décès de juin à septembre. Le taux de mortalité a ensuite recommencé à augmenter en octobre et a atteint un deuxième pic en décembre 2020, correspondant à la deuxième vague d’infections par la COVID-19.


NOMBRE DE DÉCÈS PAR MOIS, CHEZ LES PERSONNES DONT LE DÉCÈS ÉTAIT ATTRIBUABLE À LA FOIS À LA COVID-19 ET AU CANCER, CANADA, 2020

Nombre de décès au mois d'avril: plus de 350. Voir la description textuelle pour plus d'info.

Remarque : La base de données ne comprend pas les actes de décès enregistrés en 2020 au Yukon.
Source : Statistique Canada, Base canadienne de données de l’état civil

Descriptions textuelles et tableaux de données


icon 20%Le cancer du poumon a été signalé comme étant associé à 20 % des décès attribuables à la fois au cancer et à la COVID-19, soit le taux le plus élevé pour tout type de cancer. Cette observation était prévisible, étant donné que les patients atteints d’un cancer du poumon présentent souvent des affections concomitantes touchant l’appareil respiratoire1.

Les cancers du sang (ceux touchant la moelle osseuse, les cellules sanguines, les ganglions lymphatiques et la rate) étaient le deuxième type de cancer le plus fréquemment signalé, représentant 18 % des cas. De nombreux patients ayant reçu un diagnostic de cancer du sang sont immunodéprimés à la fois par la maladie et son traitement. En conséquence, ils sont plus susceptibles de présenter des symptômes graves de COVID-19 pouvant conduire au décès2.


DÉCÈS ATTRIBUABLES À LA FOIS À LA COVID-19 ET AU CANCER, PAR TYPE DE CANCER ET PAR SEXE, CANADA, 2020

Cancer du poumon: pourcentage le plus élevé. Cancer sein: pourcentage le moins élevé.

Remarque : La base de données ne comprend pas les actes de décès enregistrés en 2020 au Yukon.
Source : Statistique Canada, Base canadienne de données de l’état civil

Descriptions textuelles et tableaux de données


Âge, troubles de santé concomitants et autres facteurs menant au décès

Les patients plus âgés atteints de cancer présentaient un risque plus élevé de mourir de la COVID-19. Dans les cas où la cause du décès était signalée comme étant attribuable à la fois au cancer et à la COVID-19, l’âge médian des patients au décès était supérieur à 80 ans, à l’exception des patients atteints d’un cancer du poumon (76 ans). Les patients dont l’âge médian était le plus élevé au moment du décès étaient atteints d’un cancer de la prostate (87 ans) ou d’un cancer colorectal (86 ans chez les femmes et 84 ans chez les hommes), probablement parce que ces cancers présentent de meilleurs résultats en matière de survie après le diagnostic chez les personnes plus âgées. Dans le cas des femmes atteintes d’un cancer colorectal, 25 % des décès sont survenus après l’âge de 93 ans. À l’inverse, en 2020, parmi les femmes décédées à la fois de la COVID-19 et d’un cancer du poumon, une sur quatre avait moins de 70 ans.Âge médian pour les décès signalés comme étant attribuables à la fois au cancer et à la COVID-19: 76 ans pour le cancer du poumon. 78 ans pour les hommes et 84 ans pour les femmes pour le cancer du sang. 84 ans pout le cancer colorectal pour les hommes et 86 ans pour le cancer colorectal pour les femmes. 87 ans pour le cancer du prostate. 84 ans pour le cancer du sein.

Remarque : La base de données ne comprend pas les actes de décès enregistrés en 2020 au Yukon.
Source : Statistique Canada, Base canadienne de données de l’état civil

Descriptions textuelles et tableaux de données

Il convient de faire remarquer que le cancer n’était pas la seule affection indiquée sur les certificats de décès des personnes décédées à la fois d’un cancer et de la COVID-19. Les autres causes de décès comprenaient la grippe/pneumonie (32 %), la démence (26 %), les maladies cardiaques (25 %) et l’hypertension (16 %).


AUTRES AFFECTIONS INDIQUÉES COMME CAUSE DE DÉCÈS CHEZ LES PERSONNES DÉCÉDÉES À LA FOIS D’UN CANCER ET DE LA COVID-19, EN POURCENTAGE DE CES DÉCÈS, CANADA, 2020

grippet et pneumonie: pourcentage le plus eleve. Voir la description textuelle pour plus d'info.

Remarque : La base de données ne comprend pas les actes de décès enregistrés en 2020 au Yukon.
Source : Statistique Canada, Base canadienne de données de l’état civil

Descriptions textuelles et tableaux de données


Il est nécessaire d’obtenir des données en temps plus opportun pour déterminer les répercussions globales.

Les données de 2020 montrent que les personnes décédées à la fois d’un cancer et de la COVID-19 étaient plus âgées et plus susceptibles d’être atteintes d’un cancer du poumon ou du sang ainsi que d’autres affections respiratoires ou circulatoires. Cependant, il est nécessaire de recueillir beaucoup plus de données pour mieux comprendre les tendances en matière de mortalité attribuable au cancer et les répercussions sur la population canadienne. Par exemple, on dispose d’un nombre limité de données relatives aux répercussions de la pandémie sur la prestation des services de cancérologie et sur les résultats pour les Premières Nations, les Inuits et les Métis. Il en va de même pour les populations mal desservies, notamment les personnes à faible revenu, celles qui vivent dans des communautés rurales ou éloignées, celles qui appartiennent à des communautés racisées et celles dont la maîtrise de l’anglais est limitée.

(Voir les autres sections de ce rapport pour plus de renseignements sur la façon dont les décideurs et les acteurs du système peuvent soutenir les stratégies qui aident à atténuer les répercussions et à relever les défis de la COVID-19 auxquels sont confrontées les populations qui subissent des inégalités et les communautés des Premières Nations, des Inuits et des Métis.)

Pour répondre au besoin de disposer de plus de données, le Canada doit investir davantage dans les outils et les ressources de collecte et de compilation des données sur le cancer ainsi que dans les personnes possédant l’expertise nécessaire pour analyser et interpréter ces données. La collecte de données pour 2021 et 2022 est le seul moyen de déterminer si le profil de mortalité observé en 2020 a évolué au cours des vagues subséquentes de la pandémie ou s’il est resté relativement inchangé – et ce que cela pourrait signifier pour le système de soins de santé du Canada. Une quantité supplémentaire de données permettra également de déterminer quelles sont les personnes qui ont le plus souffert durant la pandémie. D’autres rapports ont indiqué que la COVID-19 a accentué de nombreuses inégalités existantes, et le cancer ne fait probablement pas exception.

  1. Rogado J., Pangua C., Serrano-Montero G., Obispo B., Marino A. M., Pérez-Pérez M., Lara M. Á. et coll. (2020, août). COVID-19 and lung cancer: A greater fatality rate? Lung Cancer, 146, 19-22.
  2. Başcı S., Ata N., Altuntaş F., Yiğenoğlu T. N., Dal M. S., Korkmaz S., Birinci Ş. et coll. (2022, janvier). Patients with hematologic cancers are more vulnerable to COVID-19 compared to patients with solid cancers. Intern Emerg Med, 17(1), 135-139.

Remerciements

Le Comité de l’utilisation des données et des publications conseille le Conseil canadien des registres du cancer (CCRC) sur les questions relatives à l’utilisation et à la publication des données canadiennes sur le cancer. Cela comprend les rapports et autres publications scientifiques, les articles, les indicateurs, les cartes, les graphiques, les tableaux ainsi que toute autre forme de médium. Les données sur l’incidence et la mortalité présentées dans cette section du rapport ont été fournies par les membres du Groupe de travail sur la COVID-19 et le cancer, un sous-comité du Comité de l’utilisation des données et des publications (CUDP) composé de représentants des registres du cancer de tout le pays.