La voie du rétablissement : le cancer à l’ère de la COVID-19

Pourquoi le cancer doit rester une priorité en santé

Ce n’est pas parce qu’un cancer n’a pas encore été dépisté qu’il n’existe pas. Au fur et à mesure que les prestataires du système de lutte contre le cancer résorbent leur retard, on assistera à une hausse à court terme du nombre de diagnostics de cancer au-delà des niveaux prépandémiques1, ce qui augmentera la pression sur le système et mettra plus de vies en danger en raison des retards dans le diagnostic et le traitement. L’effet des retards est également amplifié pour les collectivités qui sont confrontées à des inégalités et qui ont été le plus durement touchées par la pandémie.

La hausse prochaine de l’incidence du cancer et des décès par cancer

Bien que les tendances varient d’un territoire de compétence à l’autre et d’un type de cancer à l’autre, on s’attend à ce que le nombre total de diagnostics de cancer au Canada augmente au cours des deux prochaines années, et que les effets se fassent sentir jusqu’à la fin de la décennie avant de se stabiliser complètement.2 Par exemple, après une baisse de 20 % des cas de cancer pendant la première vague de la pandémie en 2020, le Nouveau-Brunswick a signalé une augmentation de 13 % de l’incidence globale pour 2020 par rapport aux années précédentes.3

Plus les retards de dépistage et de diagnostic sont longs, plus la probabilité que les cancers soient découverts plus tard, à un stade plus avancé, est élevée, ce qui peut entraîner une détérioration de l’état de santé des patients atteints de cancer.4

Sur la base des premiers renseignements sur la pandémie, une étude de la Dre Talia Malagón de l’Université McGill a prévu la possibilité de survenue de plus de 20 000 décès supplémentaires par cancer (tous types confondus) au cours des dix prochaines années. Toutefois, ce chiffre pourrait être ramené à un peu plus de 4 000 décès supplémentaires si la capacité de diagnostic et de traitement du système de lutte contre le cancer était augmentée de 10 % par rapport à la capacité prépandémique afin de répondre à la croissance de la demande pour ces services.2

Pleins feux sur les cancers du sein et colorectal

Spotlight on breast and colorectal cancers

Des études de modélisation tirées d’OncoSim (un outil de simulation sur le Web et élaboré conjointement par le Partenariat canadien contre le cancer et Statistique Canada) ont révélé qu’une diminution de 40 % du dépistage du cancer du sein au cours de la première vague de la pandémie pourrait signifier qu’environ un million de mammographies de dépistage de moins ont été effectuées au Canada en 2020. En raison de ces interruptions du dépistage en 2020, on estime que 3 500 cas de cancer du sein de plus qu’en temps normal pourraient être diagnostiqués entre 2021 et 2023.5

Les interruptions du dépistage auront également des répercussions sur le stade du cancer au moment du diagnostic, ce qui entraînera, selon les prévisions, 550 diagnostics supplémentaires de cancer du sein à un stade avancé entre 2020 et 2029.5

Des projections similaires sont observées pour le cancer colorectal. La baisse estimée de 40 % des tests fécaux immunochimiques (TFi) en 2020 signifierait qu’environ un million de dépistages du cancer colorectal de moins ont été effectués au Canada cette année-là. Cette baisse se traduira par 3 200 cas supplémentaires de cancer colorectal et 1 200 cas supplémentaires de cancer à un stade avancé par rapport à la normale entre 2020 et 2029.5Une diminution de 40 % du volume de dépistage du cancer en 2020 pourrait conduire à 550 diagnostics supplémentaires de cancer du sein à un stade avancé, 3 200 cas supplémentaires de cancer colorectal, 1 200 diagnostics supplémentaires de cancer colorectal à un stade avancé (2020 - 2029)

 

Plus le dépistage est retardé, plus le nombre de cancers dépistés à des stades plus avancés sera élevé, entraînant en fin de compte plus de décès par cancer qui auraient pu être évités.

Le résultat de ces projections est clair : de nombreuses vies pourraient être sauvées en accélérant le renforcement de la capacité du système à dépister et diagnostiquer le cancer, puis à traiter les patients qui en sont atteints. Pour ce faire, les décideurs politiques et les acteurs du système de santé doivent prendre des mesures dès maintenant dans plusieurs domaines d’intervention clés.

  1. Eskander A., Li Q., Yu J., Hallet J., Coburn N. G., Dare A. et coll. (2022). Incident cancer detection during the COVID-19 pandemic. JNCCN, 20(3).
  2. Malagón T., Yong J. H. E., Tope P., Miller Jr. W. H. et Franco E. L. (2021). Predicted long-term impact of COVID-19 pandemic-related care delays on cancer mortality in Canada. Cancer Epidemiol, 150(8), 1244-1254.
  3. Présentation des données provinciales : Registre provincial du cancer du Nouveau-Brunswick, Réseau du cancer du Nouveau-Brunswick, ministère de la Santé du Nouveau-Brunswick.
  4. Parmar A., Eskander A., Sander B., Irish J. C. et Chan K. K. W. (2022). Impact of cancer surgery slowdowns on patient survival during the COVID-19 pandemic: a microsimulation modelling study. CMAJ, 194(11), e408-414.
  5. Projections obtenues à partir d’OncoSim, un modèle de microsimulation du cancer élaboré conjointement par Statistique Canada et le Partenariat canadien contre le cancer.
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