À la rencontre de la Dre Sian Shuel et du Dr Christian Finley, conseillère et conseiller cliniques

Une courte discussion avec deux leaders accomplis de la santé sur ce qui les motive dans leur travail et leur engagement dans les initiatives du Partenariat.

De la prévention au dépistage, en passant par le diagnostic, le traitement et plus encore, dans le secteur des soins contre le cancer, la population canadienne a de nombreuses interactions avec le système de soins de santé. Le Partenariat canadien contre le cancer (le Partenariat) profite des conseils et de l’expertise de ses conseillères et conseillers cliniques pour évaluer et concevoir des initiatives dans le but de faire progresser la Stratégie canadienne de lutte contre le cancer.

Nous nous sommes entretenus avec une conseillère et un conseiller* pour discuter de leur travail, du parcours qui les a menés au Partenariat et de l’importance de l’équité dans les soins de santé.

Dre Sian Shuel

Sian Shuel

Lorsqu’on cerne les iniquités et qu’on se penche sur l’amélioration de l’accès équitable, l’expérience de soins de santé et de soins contre le cancer de toute la population canadienne s’en porte mieux.

– Dre Sian Shuel

 

La Dre Shuel a commencé sa carrière en milieu rural comme médecin de famille et omnipraticienne communautaire en oncologie. Elle a par la suite décroché un certificat de compétence additionnelle en soins palliatifs et s’est jointe à une équipe de soins palliatifs. À l’heure actuelle, elle est responsable de l’enseignement médical au réseau d’oncologie en milieu de soins primaires chapeauté par le programme de soins primaires de BC Cancer. Elle travaille également à titre d’omnipraticienne en oncologie au centre régional d’Abbotsford de BC Cancer.

La Dre Shuel est conseillère au Partenariat depuis 2022.

Dr Christian Finley

Christian Finley

Le Partenariat est le seul à pouvoir accomplir de telles choses [dépistage du cancer du poumon], avec son mandat si large et essentiel pour tous les soins contre le cancer au Canada.

– Dr Christian Finley

 
Le Dr Christian Finley est chirurgien thoracique à l’hôpital St. Joseph’s Healthcare à Hamilton, et professeur au Département de chirurgie (Division de chirurgie thoracique) de l’Université McMaster. Il est responsable chargé du cancer du poumon à l’International Cancer Benchmarking Partnership et responsable clinique du dépistage du cancer du poumon pour l’Ontario. Il est également conseiller en dépistage du cancer du poumon auprès du Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs. Le Dr Finley a cofondé et dirige le projet national d’amélioration de la qualité en chirurgie thoracique. Il a mené de nombreuses initiatives qui ont été récompensées de prix pour la qualité et les soins centrés sur le patient.

Le Dr Finley est conseiller au Partenariat depuis 2012.


Les entrevues ci-dessous ont été modifiées afin d’en assurer la clarté et la concision.

Au départ, qu’est-ce qui vous a mené vers les soins de santé?

Dre Shuel : Ma vie a commencé avec une urgence médicale, donc dans un certain sens, ma carrière en santé est une façon d’exprimer ma gratitude envers les soins que j’ai reçus, de donner au suivant et d’avoir un effet positif sur la vie des gens.

Mon père était aussi un médecin de famille en milieu rural et a travaillé comme omnipraticien en oncologie. En le voyant vivre sa vie, animé par une passion pour son travail, j’ai été inspirée à me vouer à cette même passion.

Dr Finley : Je me suis initialement lancé dans le domaine du génie, mais en fin de compte, je me suis tourné vers l’école de médecine. J’ai toujours aimé résoudre des problèmes et réparer les choses, et le génie convenait très bien à ce profil. Cependant, la chirurgie représente pour moi une manière très pragmatique de s’attaquer à des problèmes, et j’aime toujours ce que je fais.

Qu’est-ce qui vous a attiré vers votre domaine de spécialisation en médecine?

Dre Shuel : Ça a été tout un parcours. Ce qui m’a attiré dans la médecine familiale, c’est la relation continue que l’on entretient avec les patients et l’occasion de travailler avec eux sur le chemin de la vie, de la naissance jusqu’aux soins en fin de vie.

J’ai été médecin de famille sur l’île de Vancouver, prodiguant également des soins en tant qu’omnipraticienne en oncologie. Cet aspect de mon travail m’a donné une autre occasion d’entretenir des liens significatifs avec les patients durant une période qui peut être difficile pour bien des gens.

Dr Finley : Je suis un chirurgien thoracique de troisième génération : mon grand-père et mon père l’étaient aussi. Je crois que je suis seul au monde avec cette lignée professionnelle précise. Il ne reste plus qu’à voir si mes enfants suivront mes traces.

Qu’est-ce qui vous a mené à votre poste de conseillère ou conseiller clinique pour le Partenariat?

Dre Shuel : Un collègue de l’Ontario m’a envoyé l’annonce de recrutement pour le poste de conseillère clinique dans le cadre de l’initiative des modèles de soins du Partenariat; c’était la première fois que j’en entendais parler. Je suis allée sur le site Web du Partenariat pour mieux comprendre le programme et les autres travaux du Partenariat menés en collaboration avec des partenaires pour améliorer l’expérience des soins contre le cancer pour toute la population canadienne. J’ai trouvé le tout inspirant et je voulais y prendre part.

Je me suis dit que mon expérience en tant que médecin de famille et omnipraticienne en oncologie en milieu rural et conseillère en soins palliatifs et éducatrice médicale auprès de BC Cancer serait une source de connaissances à partager à titre de conseillère clinique au Partenariat.

Dr Finley : J’ai commencé à travailler en tant que chirurgien thoracique à Hamilton en 2010, et assez tôt dans ma carrière, j’ai commencé à rédiger des rapports synoptiques de chirurgie. J’ai remarqué que le Partenariat faisait de même, donc j’ai fini par travailler avec le Partenariat sur un projet portant sur ces rapports. Le Partenariat a ensuite publié un appel de propositions pour un poste qui étudiait les chirurgies du cancer à haut risque et exigeantes en ressources, pour lequel j’ai soumis ma candidature, qui a été acceptée.

J’ai travaillé sur ce projet pendant environ un an et demi, puis j’ai été invité à devenir expert-responsable. À partir de ce moment et pendant cinq ou six ans, j’ai travaillé dans les bureaux du Partenariat une fois par semaine sur des normes nationales, des analyses comparatives cliniques et toutes sortes de rapports spéciaux. En dernier lieu, nous avons élaboré un plan d’action pour la chirurgie du cancer au Canada, au début de la pandémie.

Comment se déroule votre expérience de conseillère ou conseiller jusqu’à présent?

Dre Shuel : De mon côté, elle a mis en lumière ce qu’une équipe peut accomplir lorsqu’elle unit ses forces pour cerner les besoins au sein du système de lutte contre le cancer et les manières d’y répondre. L’accent mis sur la participation des patients et le processus de soutien tout au long des phases d’élaboration et de mise en œuvre d’initiatives, comme la Boîte à outils sur les modèles de soins, a été gratifiant. J’ai beaucoup appris du personnel du Partenariat, de partenaires d’un bout à l’autre du Canada et de mes collègues conseillères et conseillers. Tout le monde offre une différente perspective, ce qui s’est avéré essentiel pour mon apprentissage et ma croissance alors que nous contribuons à d’autres projets.

Dr Finley : Je suis heureux d’avoir pu définir les normes nationales en matière de rapport synoptique que nous avons mises sur pied, car nous avons dû rassembler des gens et atteindre un consensus. Plus récemment, j’ai trouvé l’initiative sur le dépistage du cancer du poumon très importante; c’est d’ailleurs une approche que je préconisais. Le Partenariat est le seul à pouvoir accomplir de telles choses, avec son mandat si large et essentiel pour tous les soins contre le cancer au Canada.

Pourquoi l’équité en santé est-elle un élément fondamental des modèles de soins de haute qualité et novateurs?

Dre Shuel : Lorsqu’on cerne les iniquités et qu’on se penche sur l’amélioration de l’accès équitable, l’expérience de soins de santé et de soins contre le cancer de toute la population canadienne s’en porte mieux.

Les enjeux d’équité en santé entraînent des répercussions concrètes sur le quotidien. Par exemple, en tant que médecin de famille ou omnipraticienne en oncologie en milieu rural, si j’ai besoin d’effectuer un test ou si ma patiente doit consulter un spécialiste, qu’est-ce que cela implique pour elle? Devra-t-elle se déplacer ou débourser de l’argent? Pourra-t-elle prendre congé du travail? A-t-elle accès à des services de garde pour ses enfants? Comment pouvons-nous évaluer et équilibrer ces coûts? Y -a-t-il quelqu’un dans la communauté qui puisse endosser ce rôle spécialisé pour répondre aux besoins? Les omnipraticiens en oncologie des collectivités rurales qui comblent cette lacune en assurant un accès équitable à des traitements généraux à proximité en constituent un bel exemple. Les répercussions sur la vie quotidienne et les enjeux d’équité sont ce qui me motive à éliminer les obstacles dans les soins contre le cancer.

Dr Finley : Prenons l’exemple du dépistage du cancer du poumon et la manière dont le Partenariat détermine comment l’équité influence le dépistage. Lorsque je m’occupe de la clinique à Brantford et à St. Catharines, je vois que certaines personnes refusent le traitement contre le cancer du poumon parce qu’elles doivent s’occuper d’un proche, n’ont pas assez d’argent ou ne peuvent pas se rendre aux rendez-vous puisqu’il n’y a pas de transport en commun entre Brantford et Hamilton (où sont offerts certains services d’imagerie). Donc, les personnes qui n’ont pas de voiture choisissent parfois de ne pas recevoir de traitement.

Les populations « vulnérables » ou « en quête d’équité » sont des termes que l’on retrouve dans les statistiques de haut niveau, mais pour moi, c’est la réalité de tous les jours et le résultat d’iniquités systémiques intersectionnelles. On envoie un travailleur social trouver quelqu’un en situation d’itinérance, et je me retrouve maintenant avec une patiente atteinte du cancer qui n’a pas de logement. Je dois donc trouver une manière de traiter son cancer et de lui trouver un endroit où vivre.

Donc, les effets de l’iniquité en santé se manifestent au quotidien et sont concrets pour mes patients et pour moi-même; c’est ce qui me motive à faire tomber les obstacles aux soins contre le cancer.

Qu’avez-vous hâte de faire en 2024?

Dre Shuel : Avec l’arrivée du printemps, j’ai hâte d’encourager mes fils au baseball, de passer du temps en nature et de voir mes dahlias pousser.

Sur le plan professionnel, nous aidons depuis un moment nos partenaires dans la planification de projets et nous passons maintenant à l’étape de mise en œuvre. J’ai très hâte de voir comment tout ce travail entraînera des changements importants lorsque ces projets seront lancés.

Plus près, dans ma province de la Colombie-Britannique, un plan d’action de 10 ans contre le cancer a été lancé l’an dernier. Certains éléments de ce plan d’action sont pertinents pour les soins primaires ainsi que l’accès équitable aux soins, exprimé tout au long du plan, et je me réjouis des possibilités qui s’annoncent pour les patients, les familles et les fournisseurs de soins de santé.

Dr Finley : L’une des choses qui m’enthousiasme le plus en ce moment c’est que nous sommes arrivés à déterminer que le cancer du poumon est le cancer avec le progrès le plus rapide selon les taux de survie. Le Partenariat a fait un excellent travail de soutien au déploiement des initiatives de dépistage du cancer du poumon au Canada. Je collabore également avec la Société canadienne du cancer sur une stratégie nationale grâce à laquelle plusieurs partenaires peuvent participer pour trouver des façons d’équilibrer le taux de survie en fonction de l’emplacement géographique et du statut socio-économique. Par exemple, le taux de survie au cancer du poumon de stade 1 peut être de 65 % dans une province, mais de 80 % dans une autre. Que devons-nous faire pour augmenter ce taux? C’est un problème auquel je vais m’attaquer avec enthousiasme.

On travaille aussi continuellement à l’appui de l’International Cancer Benchmarking Partnership. Donc, beaucoup de choses intéressantes sont à venir cette année.

* Remarque : Carole Mayer, qui est aussi conseillère clinique pour le Partenariat, n’a pas pu participer à cette entrevue.