Variation importante des taux de mastectomies au Canada

Nouveau rapport sur les soins chirurgicaux aux patientes traitées pour un cancer du sein dans l’année qui suit leur intervention initiale

OTTAWA — En 2012, quelque 22 700 femmes recevront un diagnostic de cancer du sein invasif, et bon nombre d’entre elles devront subir une chirurgie dans le cadre de leur traitement. Un nouveau rapport publié aujourd’hui par l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) et le Partenariat canadien contre le cancer (le Partenariat) révèle des variations importantes au chapitre de l’utilisation des chirurgies pour le cancer du sein dans l’ensemble du pays. Ces données, de même que l’information sur les facteurs qui contribuent à expliquer les tendances et les variations, peuvent être utilisées pour orienter l’amélioration du système de santé.

L’étude, intitulée Chirurgies pour le traitement du cancer du sein au Canada, 2007-2008 à 2009-2010, examine les soins chirurgicaux dispensés aux femmes atteintes d’un cancer du sein invasif ou d’une forme non invasive de la maladie, le carcinome canalaire in situ (CCIS). Fondé sur trois années de données (2007-2008 à 2009-2010), le rapport suit le traitement chirurgical d’environ 22 000 femmes pendant un an à partir de la date de leur chirurgie initiale.

« En fournissant de l’information sur les tendances qui contribuera à améliorer les traitements, ce rapport a le potentiel de favoriser de meilleurs résultats et une meilleure qualité de vie pour les femmes atteintes d’un cancer du sein, le cancer le plus couramment diagnostiqué chez les Canadiennes, » affirme Anne McFarlane, vice-présidente, Région de l’Ouest et Initiatives de développement à l’ICIS.

La mastectomie et la chirurgie conservatrice du sein (CCS, communément appelée tumorectomie) sont les deux types de chirurgies utilisées pour le traitement du cancer du sein invasif et du CCIS. Chez les femmes présentant une tumeur de petite taille, les données montrent qu’une CCS suivie d’une radiothérapie procure un taux de survie comparable à celui de la mastectomie. Les deux traitements comportent peu de risques de complications : les taux de complications observées dans les 7 et les 30 jours suivants sont d’au plus 2 % dans le cas de la CCS et d’au plus 6 % dans celui de la mastectomie, tant pour le cancer du sein invasif que pour le CCIS (taux pour la période de 2007-2008 à 2009-2010).

Dans l’ensemble du Canada, 39 % des femmes atteintes d’un cancer du sein invasif unilatéral — soit dans un seul sein — chez qui on a d’abord pratiqué une CCS ont subi une mastectomie dans les 12 mois suivants leur chirurgie initiale. (Dans 32 % des cas, les femmes atteintes de ce cancer subissent d’abord une mastectomie. Parmi celles qui commencent par une CCS, environ 1 sur 10 [11 %] doivent subir une mastectomie dans les 12 mois suivants.) Les taux de mastectomie bruts varient grandement au Canada, allant de 26 % au Québec à 69 % à Terre-Neuve-et-Labrador.

Variation des taux de réexcision à la suite d’une CCS entre les provinces

Certaines femmes qui ont initialement subi une CCS doivent se soumettre à d’autres interventions par la suite pour permettre l’excision de tissu supplémentaire (réexcision). La réexcision peut aller d’un élargissement du site initial de la CCS à une mastectomie complète. « Jusqu’à maintenant, on en savait peu sur les taux de réexcision à l’échelle canadienne, explique Anne McFarlane. Ce rapport conjoint examine les tendances nationales en matière de chirurgies et montre que la réexcision est relativement courante chez les femmes qui ont subi une chirurgie conservatrice du sein. » Pendant la période couverte par l’étude (2007-2008 à 2009-2010), 23 % des femmes atteintes d’un cancer du sein invasif et 36 % de celles atteintes d’une forme non invasive de la maladie (CCIS) ont dû subir au moins une autre intervention à la suite d’une CCS. Chez celles atteintes d’un cancer du sein invasif, 11 % ont subi une mastectomie, et 12 %, une autre CCS.

Les taux de réexcision (dans l’année suivant la CCS initiale) varient grandement d’une province à l’autre, allant de 56 % à Terre-Neuve-et-Labrador à 17 % au Manitoba et au Québec.

Influence de l’âge et du temps de déplacement sur les taux de mastectomies

L’étude réalisée par l’ICIS et le Partenariat a permis de faire ressortir une relation parabolique entre l’âge et le taux de mastectomies chez les femmes atteintes d’un cancer du sein invasif. Les taux sont relativement élevés (44 %) chez les femmes de 18 à 49 ans, puis chutent à 35 % chez celles âgées de 50 à 69 ans, avant de grimper de nouveau à 45 % chez les femmes de 70 ans et plus. Bien que la décision d’avoir recours à la mastectomie ou à la CCS soit grandement influencée par le stade de la maladie au moment du diagnostic, des facteurs comme le risque perçu, l’image corporelle et l’attitude envers la radiothérapie et la reconstruction mammaire jouent un rôle dans le choix du traitement.

Les femmes qui optent pour la CCS sont généralement soumises à une radiothérapie par la suite, un traitement offert seulement dans certains centres de traitement du cancer et qui nécessite souvent des déplacements quotidiens. Le rapport révèle une augmentation des taux de mastectomies lorsque le temps de déplacement (entre le domicile de la patiente et le centre de traitement du cancer doté d’une unité de radiothérapie le plus près) dépasse 40 minutes. Ces taux excèdent 50 % chez les femmes qui doivent voyager au moins 1,5 h à l’aller et le même temps au retour.

« Ce rapport vient confirmer nos doutes : le recours à la chirurgie pour le traitement du cancer du sein varie en fonction de divers facteurs, constate Heather Bryant, vice-présidente, Programmes sur le cancer, Services cliniques et Santé de la population au sein du Partenariat canadien contre le cancer. Grâce à de l’information comme celle-ci, les planificateurs du système de santé et les cliniciens seront bien outillés pour cibler les forces et les occasions dans le cadre des pratiques existantes, et pourront ainsi contribuer collectivement à optimiser les soins liés au cancer du sein chez les femmes qui subissent une chirurgie dans le cadre de leur traitement. »

À propos du Partenariat canadien contre le cancer

Le Partenariat canadien contre le cancer est un organisme financé par le gouvernement fédéral et investi du mandat d’accélérer la lutte contre le cancer au bénéfice de tous les Canadiens. Il rassemble des spécialistes du cancer, des représentants gouvernementaux, la Société canadienne du cancer ainsi que des patients, des survivants du cancer et leur famille au sein du Réseau canadien de lutte contre le cancer afin de mettre en œuvre la toute première stratégie pancanadienne de lutte contre le cancer. Ainsi, le Partenariat a pour vision d’agir comme catalyseur au moyen d’une action ciblée qui aidera à prévenir le cancer, à améliorer la qualité de vie des personnes touchées par le cancer, à réduire le nombre de décès liés au cancer et à accroître l’efficacité de la lutte contre le cancer au Canada.

À propos de l’Institut canadien d’information sur la santé

L’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) recueille de l’information sur la santé et les soins de santé au Canada, l’analyse, puis la rend accessible au grand public. L’ICIS a été créé par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux en tant qu’organisme autonome sans but lucratif voué à la réalisation d’une vision commune de l’information sur la santé au Canada. Son objectif : fournir de l’information opportune, exacte et comparable. Les données que l’ICIS rassemble et les rapports qu’il produit éclairent les politiques de la santé, appuient la prestation efficace de services de santé et sensibilisent les Canadiens aux facteurs qui contribuent à une bonne santé.