Nouveaux horizons, fort potentiel 

Retour sur la Conférence canadienne sur la recherche sur le cancer de 2025 avec le Dr Craig Earle

Le Dr Craig Earle (PDG du Partenariat canadien contre le cancer) et Andrea Seale (chef de la direction de la Société canadienne du cancer)

La Conférence canadienne sur la recherche sur le cancer (CCRC) de 2025 s’est tenue du 2 au 4 novembre à Calgary. Organisé par l’Alliance canadienne pour la recherche sur le cancer, cet événement rassemble des chercheuses et chercheurs, des stagiaires, des cliniciennes et cliniciens ainsi que des décideuses et décideurs autour d’un programme riche couvrant tous les domaines de la recherche sur le cancer.

Le Partenariat canadien contre le cancer (le Partenariat) est fier d’être l’un des principaux partenaires de la conférence. Notre PDG, le Dr Craig Earle, était sur place. Il nous fait part de ses observations, de son enthousiasme pour l’avenir de la recherche sur le cancer ainsi que de plusieurs enseignements clés, qui orienteront les efforts continus du Partenariat pour améliorer les résultats de la lutte contre le cancer au Canada.

Comment la conférence a-t-elle évolué et pris de l’ampleur au fil des années?

J’ai assisté à toutes les éditions de la CCRC, depuis la toute première, il y a 15 ans. La conférence était alors principalement axée sur la recherche fondamentale. Aujourd’hui, elle intègre les essais cliniques, et s’intéresse beaucoup plus à la recherche sur les services de santé, notamment dans des domaines comme la survie et les problématiques propres aux personnes adolescentes et jeunes adultes.

Un autre changement majeur est l’intégration culturelle et l’inclusion d’un volet consacré aux peuples autochtones, que les participantes et participants des Premières Nations, inuits, métis et non autochtones ont trouvé très enrichissant.

Au fil des ans, nous avons aussi été témoins de l’introduction du Programme de participation des patients à la recherche sur le cancer (PPP). Cette occasion, pour les chercheuses et chercheurs, d’interagir avec des patientes ou patients partenaires et de répondre à leurs questions pendant la conférence permet réellement d’ancrer les travaux dans les besoins réels de leurs bénéficiaires.

Comme vous l’avez indiqué, les connaissances autochtones ont constitué une composante clé de la conférence, cette année. Pourquoi pensez-vous qu’il est important de mettre en lumière cet aspect des travaux de recherche sur le cancer au Canada?

C’est un aspect de la conférence qui a beaucoup évolué, et nous devons continuer à le valoriser afin d’aider les chercheuses et chercheurs à mieux intégrer les principes d’équité tels que « rien sur nous sans nous », et de faire en sorte que les projets de recherche concernant les Premières Nations, les Inuits et les Métis soient dirigés ou codirigés par des chercheuses ou chercheurs autochtones. Nous devons aussi mener nos recherches de la bonne manière, en faisant appel aux communautés, surtout pour les questions de gouvernance des données.

D’une manière ou d’une autre, tout travail de recherche dépend des données. De nos jours, d’excellentes occasions s’offrent à nous, surtout avec l’intelligence artificielle, qui nécessite énormément de données pour apprendre. Grâce à son système de santé majoritairement public, le Canada a le potentiel de recueillir des données parmi les meilleures au monde.

– DrCraig Earle, M.D., PDG

En parlant des données, vous avez présenté, à la CCRC, un exposé sur les mégadonnées dans la recherche sur le cancer. En quoi ce sujet était-il pertinent pour la conférence de cette année?

La séance pendant laquelle j’ai présenté mon exposé s’intitulait « BIG data in cancer research: Too BIG to fail? » [en français : les mégadonnées dans la recherche sur le cancer : trop massives pour échouer?] J’ai appelé mon exposé « Too Small to Succeed » [en français : trop limitées pour réussir]. Ce que je voulais dire par là, c’est que malgré leur immense potentiel, nos données demeurent très fragmentées, cloisonnées et difficiles d’accès. Beaucoup deviennent obsolètes avant même d’être disponibles. Ainsi, bien qu’elles puissent sembler massives, elles sont limitées à d’autres égards.

Cependant, le potentiel d’amélioration reste considérable. Il est essentiel d’harmoniser, d’interconnecter et de bien gérer les données canadiennes, y compris celles relatives à la race, l’ethnicité et l’identité autochtone.

Y a-t-il une séance en particulier qui vous a marqué, et pourquoi?

Plusieurs m’ont marqué. La séance sur la commercialisation de la recherche, présentée par Creative Destruction Lab, s’est vraiment distinguée des autres. Des personnes entrepreneures du secteur de la recherche ont indiqué que pour elles, la meilleure façon d’appliquer et d’assurer l’utilisation des connaissances découlant des résultats de leurs travaux, c’est de les commercialiser.

Elles ont abordé les approches et les défis que cela comporte. Par exemple, avant de commercialiser un nouveau test de laboratoire, il faut consulter des hôpitaux et divers systèmes de santé pour confirmer leur intérêt, leur disposition voire leur engagement à utiliser le test dès qu’il sera disponible.

J’ai aussi assisté à une séance parrainée par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) qui portait sur les pratiques exemplaires liée à l’intelligence artificielle (IA) dans la recherche.

Les intervenantes et intervenants ont abordé l’utilisation de l’IA pour rédiger des demandes de subvention et des articles, ce qui peut contribuer à mettre les chercheuses ou chercheurs dont l’anglais n’est pas la langue maternelle sur un pied d’égalité avec les autres.

Le recours à l’IA pour évaluer les demandes de subvention, ainsi que les problèmes de confidentialité qui peuvent en découler en cas d’utilisation d’un logiciel non autorisé, sujet quelque peu controversé, a aussi été abordé. Les IRSC interdisent cette pratique, mais d’autres personnes, lors de la séance, ont indiqué que l’IA leur permettait d’améliorer leurs évaluations.

Des partenaires du Partenariat ont présenté de nouvelles ressources à la conférence. Selon vous, comment pouvons-nous nous aligner sur ces initiatives?

La Société canadienne du cancer a présenté le Plan d’action pancanadien de lutte contre le cancer du poumon 2026-2035, axé sur la prévention, le diagnostic et le traitement. Ce plan concorde fortement avec les travaux du Partenariat sur l’abandon du tabagisme, le dépistage du cancer du poumon et les soins palliatifs.

L’Association canadienne des agences provinciales du cancer a présenté de nouveaux modèles de soins, notamment le recours à l’IA pour aider les patientes et patients à s’y retrouver dans le système, et l’offre de traitements contre le cancer à domicile, notamment l’immunothérapie et la chimiothérapie. Ces modèles sont prometteurs, surtout pour les régions nordiques, comme le Nunavut, et le Partenariat est fier d’avoir financé certains de ces travaux, qui s’inscrivent dans la lignée de nos propres initiatives sur les modèles de soins.

Quels sont les trois principaux enseignements que vous retiendrez de la conférence de cette année?

Tout d’abord, je retiendrai une séance très importante sur l’incidence croissante du cancer chez les moins de 50 ans et la contribution des syndromes métaboliques à cette évolution, ainsi que le rôle potentiel des agonistes du récepteur du GLP-1 dans la réduction de l’incidence du cancer.

Il y a aussi eu une discussion clé sur les microplastiques, les polluants éternels et les facteurs environnementaux qui contribuent à l’incidence du cancer.

Et, point essentiel, je retiendrai l’accent mis sur la diversité des patientes et patients et des communautés dans tous les thèmes de la recherche, dans les services de santé et dans les essais cliniques.

Quels aspects de l’avenir de la recherche sur le cancer vous enthousiasment le plus?

Le potentiel des données et de l’IA pour optimiser et accélérer le processus de recherche ainsi que l’élargissement des options thérapeutiques m’enthousiasment particulièrement. Nous assistons à des avancées incroyables dans les domaines du traitement et du diagnostic : immunothérapies, cellules tumorales circulantes, biopsies liquides, génomique, biomarqueurs, etc.

La Conférence canadienne sur la recherche sur le cancer de 2027 se tiendra à Montréal, au Québec.