Le cannabis et le cancer (mai 2019)

Données récentes sur la consommation de cannabis et le risque de cancer et sur les avantages de la consommation de cannabis pendant le traitement du cancer

En octobre 2018, le cannabis était légalisé au Canada pour un usage récréatif (à des fins non médicales) en vertu de la Loi sur le cannabis. Auparavant, le gouvernement fédéral avait autorisé, par l’intermédiaire du Règlement sur la marihuana à des fins médicales (2013) et du Règlement sur l’accès au cannabis à des fins médicales (2016), la consommation de cannabis, fourni par un producteur autorisé, à des fins médicales, sur prescription d’un professionnel de la santé.

Le Partenariat a entrepris deux examens rapides pour évaluer les données récentes sur le cannabis et le risque de cancer, ainsi que sur les avantages de la consommation de cannabis pendant le traitement du cancer :

Le cannabis ne guérit pas le cancer1. Le lien entre la consommation de cannabis et le risque de cancer reste incertain et il n’y a pas suffisamment de preuves pour préciser les avantages thérapeutiques potentiels du cannabis en tant que médicament complémentaire pendant le traitement du cancer. Des données probantes de haute qualité sont nécessaires pour comprendre les risques et les avantages potentiels de la consommation de cannabis en relation avec le cancer.

Commentaires d’experts sur les avantages et les inconvénients de la consommation de cannabis :

David Hammond, titulaire d’une chaire en santé publique appliquée des Instituts de recherche en santé du Canada/Agence de la santé publique du Canada et professeur à l’École de la santé publique et des systèmes de santé de l’Université de Waterloo

« Bien que certaines personnes atteintes d’un cancer aient signalé que le cannabis les avait aidées à gérer les symptômes liés à leur traitement, notamment les nausées, la perte d’appétit et la douleur, il n’existe aucune preuve que la consommation de cannabis puisse “guérir” ou “traiter” la maladie elle-même. On dispose, en outre, de données probantes de plus en plus nombreuses qui portent à croire qu’une consommation chronique de cannabis accroît le risque de contracter certains cancers, en particulier lorsque les produits sont consommés par inhalation. Les personnes consommant fréquemment du cannabis doivent donc éviter de le fumer et envisager d’autres méthodes de consommation. »

Peter Selby, clinicien-chercheur en toxicomanie et chef du service médical de la division de psychiatrie du Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH)

« Nous avons besoin d’études plus solides pour tirer des conclusions définitives sur les avantages et les inconvénients du cannabis. Il est probable que les risques de contracter un cancer dépendent de la méthode de consommation. L’inhalation de la fumée d’un produit végétal en train de brûler, qu’il s’agisse de tabac ou de cannabis, produit des agents cancérogènes connus. Dans ce contexte, il est probable que le meilleur moyen de réduire le risque consiste à éviter d’inhaler le produit.

Je souhaite cependant adapter ce conseil en fonction de l’âge des personnes qui consomment du cannabis à des fins récréatives et de leurs intentions sous-jacentes. Les personnes présentant, par exemple, des risques de dépendance ou de psychose, ou celles qui occupent des emplois dans lesquels la sécurité joue un rôle essentiel, doivent s’abstenir de consommer du cannabis. En outre, les consommateurs occasionnels ne doivent avoir recours qu’à des produits vendus légalement dont la qualité est connue et qui sont de faible puissance. Ils doivent également éviter de consommer le produit en solitaire ou dans des endroits où cela pourrait être dangereux et s’abstenir de mélanger le cannabis avec de l’alcool ou avec d’autres drogues.

De plus, je recommande à toute personne aux prises avec des problèmes financiers, sociaux, professionnels ou médicaux, qui semblent en lien avec le cannabis, d’arrêter d’en consommer ou de chercher à obtenir des services de lutte contre la toxicomanie. »

Le Dr Craig Earle, oncologue médical à l’hôpital Sunnybrook et vice-président de la lutte contre le cancer au Partenariat canadien contre le cancer

« Les données probantes dont nous disposons aujourd’hui ne nous permettent toujours pas d’établir clairement si le cannabis médical constitue un traitement sûr et efficace pour les personnes atteintes de cancers et d’autres maladies. Toutefois, sachant que sa consommation est aujourd’hui légalement autorisée, certains patients ont manifesté leur souhait de l’essayer. En conséquence, pour ceux chez lesquels cela me semblait approprié, j’ai autorisé, à leur demande, une telle consommation. Bien que j’aie ponctuellement constaté que certains patients semblaient tirer profit de la consommation de cannabis avec une diminution de symptômes comme les nausées et la douleur, je n’en suis cependant pas encore à promouvoir activement la consommation de cannabis à des fins médicales. J’ai hâte de pouvoir m’appuyer sur des preuves de haut niveau, à l’instar de celles que nous exigeons habituellement pour les autres médicaments sur ordonnance, indiquant les circonstances dans lesquelles le cannabis médicinal fonctionne et celles dans lesquelles il ne fonctionne pas. »

Pour en savoir plus sur les moyens de réduire les risques pour la santé liés à la consommation de cannabis, veuillez consulter les Recommandations canadiennes pour l’usage du cannabis à moindre risque.

Pour en savoir plus sur les politiques provinciales et territoriales régissant l’utilisation et la vente de cannabis au Canada, veuillez consulter la carte interactive du Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances (en anglais seulement).

Documents à télécharger (en anglais seulement)

Références
1- NASEM. The National Academies of Sciences, Engineering and Medicine. (2017). The health effects of cannabis and cannabinoids: the current state of evidence and recommendations for research.